Le Brexit, événement majeur de l’histoire récente de l’Union européenne (UE), a bouleversé les relations entre le Royaume-Uni et ses anciens partenaires européens. Dans ce contexte, il est essentiel de comprendre les implications du Brexit sur le droit européen, notamment en termes de régulations économiques, de droits des citoyens et d’accords commerciaux. Cet article offre une analyse approfondie des conséquences juridiques du Brexit et explore comment celles-ci affectent tant le Royaume-Uni que l’UE.
1. La fin de la primauté du droit européen au Royaume-Uni
Avec la sortie effective du Royaume-Uni de l’UE le 31 janvier 2020, le principe de primauté du droit européen a pris fin dans ce pays. En effet, depuis cette date, les nouvelles régulations et directives européennes ne s’appliquent plus automatiquement au Royaume-Uni. Toutefois, il convient de souligner que les normes existantes avant le Brexit continuent à faire partie intégrante du système juridique britannique par l’intermédiaire du European Union (Withdrawal) Act adopté en 2018. Ce texte prévoit un processus d’intégration des règles européennes dans le droit national afin d’éviter un vide juridique.
2. Les conséquences pour les citoyens britanniques et européens
Le Brexit a des répercussions majeures sur les droits des citoyens britanniques et européens. En premier lieu, les ressortissants du Royaume-Uni perdent leur statut de citoyen de l’UE, ce qui entraîne la fin de la libre circulation et des droits qui y sont attachés, tels que le droit de travailler, d’étudier ou de résider dans un autre État membre. De même, les citoyens européens vivant au Royaume-Uni se voient également privés de ces mêmes droits.
Néanmoins, l’accord de retrait conclu entre le Royaume-Uni et l’UE prévoit des dispositions visant à protéger les droits des citoyens concernés. Ainsi, ceux-ci peuvent bénéficier du EU Settlement Scheme, un dispositif permettant aux citoyens européens résidant au Royaume-Uni avant la fin de la période de transition (31 décembre 2020) de demander un statut leur garantissant la possibilité de continuer à vivre et travailler dans le pays. Par ailleurs, les autorités britanniques ont mis en place un programme similaire pour leurs ressortissants vivant dans l’UE.
3. Les implications pour les entreprises et les accords commerciaux
Le Brexit a également bouleversé les relations économiques entre le Royaume-Uni et l’UE. La sortie du marché unique et de l’union douanière implique que les entreprises britanniques doivent désormais se conformer aux règles d’origine pour bénéficier de l’accès au marché européen. En outre, les accords commerciaux conclus par l’UE avec des pays tiers ne s’appliquent plus au Royaume-Uni, ce qui oblige celui-ci à négocier de nouveaux traités bilatéraux.
Pour encadrer ces nouvelles relations, l’UE et le Royaume-Uni ont signé le Trade and Cooperation Agreement (TCA) en décembre 2020. Ce texte prévoit notamment la non-imposition de droits de douane et de quotas pour les échanges de biens entre les deux parties, sous réserve du respect des règles d’origine. Toutefois, le TCA ne couvre pas tous les domaines, comme les services financiers, qui sont essentiels pour l’économie britannique. De ce fait, les entreprises du secteur financier doivent obtenir des licences spécifiques pour continuer à opérer dans l’UE.
4. La question irlandaise et le protocole sur l’Irlande du Nord
Le Brexit a également soulevé des questions délicates concernant la frontière entre l’Irlande du Nord (partie du Royaume-Uni) et la République d’Irlande (membre de l’UE). Afin d’éviter une frontière physique et de préserver la paix sur l’île d’Irlande, un protocole spécifique a été annexé à l’accord de retrait.
Ce protocole prévoit que l’Irlande du Nord reste alignée sur certaines règles du marché unique, notamment en matière de marchandises, et continue à appliquer les dispositions de l’union douanière. En conséquence, les contrôles douaniers sont effectués en mer d’Irlande entre l’Irlande du Nord et la Grande-Bretagne. Cependant, cette situation a généré des tensions et des difficultés d’approvisionnement pour les entreprises nord-irlandaises.
5. L’impact sur la coopération judiciaire et policière
Enfin, le Brexit a également des conséquences sur la coopération judiciaire et policière entre le Royaume-Uni et l’UE. Le pays ne fait plus partie des mécanismes de collaboration tels qu’Eurojust ou Europol, ce qui peut affecter la lutte contre la criminalité transfrontalière et le terrorisme. Toutefois, le TCA prévoit un cadre de coopération en matière de sécurité et d’échanges d’informations entre les autorités compétentes.
Dans l’ensemble, il apparaît que le Brexit a profondément modifié les relations juridiques entre le Royaume-Uni et l’UE, avec des conséquences majeures pour les citoyens, les entreprises et la coopération dans divers domaines. Les deux parties devront continuer à travailler ensemble afin d’adapter leurs législations respectives et de mettre en place des mécanismes efficaces pour faire face aux défis posés par cette nouvelle réalité.
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